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jeudi 4 avril 2013

Réaction rapide: Ma che! Non et re-non, pas de plan B


Mario Draghi, le président de la Banque Centrale Européenne (BCE), a fait un commentaire très intéressant sur le sens de la monnaie unique lors de la conférence de presse qu’il a tenue aujourd’hui.

Photo: ft.com
Interrogé sur un éventuel plan de sauvetage en cas de sortie de l’Euro de Chypre, voire de l’Espagne ou de l’Italie, sa réponse fuse à l’encontre du catastrophisme de nombreux commentateurs (anglo-saxons je suppose). En particulier, à son sens, les personnes à l’origine de la question (des lecteurs du blog Zero-Hedge) « sous-estiment complètement la signification de l’Euro pour les Européens, pour la zone Euro. Ils sous-estiment grandement la quantité de capital politique qui a été investie dans l’Euro.» Avant de rajouter qu’on n’adhère pas à l’Euro comme on entre et sort d’un moulin, et surtout qu’il n’y a pas de « plan B ». Son commentaire est cohérent avec l’annonce vigoureuse faite au mois d'Août que la BCE fera tout pour sortir la zone Euro de la crise et surtout, tout pour sauver l’Euro.  

Pourtant, au-delà, je ne peux pas m’empêcher de penser que l’Euro n’est jamais vraiment devenu "notre" monnaie dans la tête des Européens, malgré tout la bonne volonté politique qui y a été mise. La rhétorique populiste le présente avec succès comme un élément extérieur imposé par des forces technocratiques, plus subi que choisi. Ce sentiment pourrait expliquer la volonté d'une minorité grandissante de l'abandonner.

Cependant, Super Mario a bien raison, et il faudrait qu’on en soit nous-mêmes convaincus : la monnaie unique est la conclusion d'un immense projet européen, l’incarnation (j’espère) de la solidarité entre les peuples de ce Continent. Il ne faut donc pas la jeter comme une vulgaire chaussette, dès qu'il y a un trou. La réappropriation viendra peut-être des jeunes, qui ont soit une mémoire diffuse du franc (ou de la drachme, de la peseta, etc) ou qui ne l'ont jamais connu...

Pour le script de l’échange, voir ici et pour la vidéo de la conférence de presse voir ici (57:45)

4 commentaires:

nqn a dit…

Bel optimisme par rapport aux jeunes. Le soucis c'est que c'est probablement faux. Deux sondages montrent que ce sont les retraités et les professions libérales/cadres supérieurs qui sont les plus attachés à l'euro. Ce qui peut sembler logique du point de vue de l'euro fort et de la stabilité attachée à celui-ci qui favorisent ces classes. Non ?

http://www.ifop.com/media/poll/2092-1-study_file.pdf
http://www.ifop.com/media/poll/1978-1-study_file.pdf

Economiam a dit…

Hmm, il me semblait faire un commentaire de bon sens: je
serais curieux de voir combien de 18-34 ans regrettent l'ancien franc... Par
consequent, je me demande si l'optimisme ne reste tout de meme pas de mise
(tout du moins avec les moins de 18 ans haha). En tout cas, tres
interessants ces sondages et visiblement coherents a travers le temps (http://www.ifop.com/media/poll/1717-1-study_file.pdf).




Par contre, cela ouvre la question de savoir pourquoi les
jeunes de moins de 25 ans regrettent le franc (influence des parents ou
impact disproportionné de la crise?). Pour les cadres et professions
liberales, rien d'etonnant, mais pour les retraités (et plus encore chez les
plus de 65 ans) je ne suis pas sur de bien comprendre pourquoi ce manque de
regret pour le franc.

Je souligne aussi que regret du franc ne veut pas dire abandon de l'euro (opinion minoritaire, meme si qd meme pas mal partagée).

nqnbis a dit…

Peut-être tout simplement parce que les retraités ont le plus à perdre
d'un retour au franc et que les jeunes eux n'ont pas grand chose à
perdre ?

Ces sondages me font penser à autre chose qui est peut-être complètement hors sujet : le Québec.
Je me souviens que la sociologie de l'indépendantisme québécois, du
sentiment canadien chez les québécois montrait que les personnes âgées
étaient les plus réticentes à l'indépendance. Inversement les jeunes se
sentaient les moins canadiens et étaient plus favorables à
l'indépendance. On aurait pu se dire au premier abord que les jeunes qui
n'ont pas connu les deux référendums, qui sont nés dans un monde
globalisé (majoritairement anglophone) seraient très cosmopolites. Et
pourtant c'est le contraire.

J'ai l'impression que le cas québécois est similaire, mais je saurais pas trop dire en quoi.

Economiam a dit…

Effectivement intéressant ce parallele quebecois. Y'a t il un mecanisme psychologique plus general a l'oeuvre?

En revanche, je ne suis pas sur de suivre completement le raisonnement sur le fait que les retraités aient le plus a perdre. J'ai l'impression que pour ce qui nous concerne, la difference entre les jeunes et les retraités reside principalement dans le quantité de capital acquis. Les jeunes ont un patrimoine en moyenne plus faible que les retraités, et nombreux sont ceux qui ont un emprunt sur le dos. Ils tireraient donc benefice d'un regime d'inflation un peu plus soutenu, tandis que les retraités qui y perdraient, privilegieraient la stabilité (tout ceci est sujet a de nombreux caveat). Cependant, meme si la mise en place de l'euro s'est accompagné d'une politique de stabilisation, je ne vois pas de lien de cause a effet.

En d'autres termes, pouquoi pensez vous que les jeunes auraient le plus a gagner d'un retour au franc?

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